Réduction phyto, et si on pensait le conseil autrement ?
La pression politique pour réduire l’usage des produits phytosanitaires ne cesse de monter en Wallonie et partout en Europe.
Retraits successifs de matières actives, durcissement des contrôles dans les zones de captage, conditionnalités de plus en plus strictes dans les aides PAC. Et demain, des objectifs chiffrés de réduction imposés.
Yves Coppieters, ministre wallon de l’environnement, s’est exprimé après la foire de Libramont auprès du journal Le Soir :
« On va présenter en septembre, de nouvelles règles très ambitieuses pour protéger les zones de captage”
Le cap est donné.
Et personne ne conteste vraiment cette nécessité. Le vrai défi, c’est le calendrier qui s’accélère. Il va falloir s’adapter. Vite. Souvent sans solution miracle à portée de main. La question n’est donc plus de savoir s’il faut réduire les phytos. La question est : comment va-t-on y arriver ?
Et même si cette problématique concerne tout le monde, la pression repose aujourd’hui, regrettablement, presque entièrement sur les épaules des producteurs. Une réduction crédible ne pourra réussir que si elle est techniquement maîtrisée et dérisquée pour l’agriculteur.
Le sondage que nous avons réalisé auprès des agriculteurs de notre réseau le confirme. Les principaux freins à l’adoption d’alternatives sont :
- Absence de valorisation économique (71 %)
- Manque de matériel adapté (66 %)
- Manque de formation ou de connaissances pratiques (22 %)
- Difficulté à accéder à un conseil indépendant (16 %)
Et leurs besoins prioritaires :
- Meilleure reconnaissance des efforts réalisés (56 %)
- Conseils techniques personnalisés (53 %)
- Formations pratiques sur le terrain (33 %)
- Conseils technico-économiques fiables (33 %)
C’est évident, un débat politique sur la rémunération des agriculteurs et sur la juste valorisation de leurs efforts est crucial. Mais pendant que ce débat se mène, il reste un champ d’action direct : celui de l’accompagnement agronomique.
Aujourd’hui, trop souvent, le conseil reste ponctuel et réactif : on intervient quand un symptôme apparaît. Mais réduire durablement les phytos ne se fait pas avec des pansements.
Cela demande notamment :
- de penser les rotations sur plusieurs années,
- de gérer la fertilité pour limiter la sensibilité aux maladies,
- de choisir les variétés et couverts les plus adaptés,
- d’arbitrer en fonction des marges, des charges et des débouchés.
Bref, un diagnostic global de l’exploitation, posé avec le recul nécessaire.
C’est là que l’agronome peut redevenir ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : un partenaire stratégique de l’agriculteur, capable de sécuriser les choix techniques, d’anticiper les risques, et d’articuler l’ensemble des leviers pour que la transition soit possible et viable.
Le débat est ouvert :
Et vous en tant qu’ agronome, qu’en pensez-vous ? Comment imaginez-vous l’évolution de votre métier dans ce contexte ? Et quels freins observez-vous sur le terrain ?
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continuer la discussion sur la place du conseil agronomique dans la ferme, l’élargir à d’autres prismes liés au contexte actuel de l’agriculture.
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partager des infos politiques sur ce qui se prépare en Belgique,
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diffuser des éclairages techniques utiles pour le terrain, discuter de ce qui se fait ici et chez nos voisins.
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proposer des moments d’échange entre agronomes