Vu & Entendu
Visite d'une Ferme du nord de la France (1000 Ha)
Présentation de l’exploitation :
- 1000 Ha en ACS dont 250 Ha en Bio
- Limons profonds battants
- Cultures conventionnelles – Froment, lin textile, pommes de terre, haricots, pois, oignons et orge
- Cultures Bio – Betteraves rouges, carottes, pommes de terre, oignons et salade
Les particularités de cette exploitation :
- Association de 7 fermes
- Partage de l’ensemble du matériel
- Mutualisation de l’assolement, choix des cultures et de la réalisation des travaux en fonction des caractéristiques agronomiques des différentes parcelles uniquement
- Partage de l’ensemble du matériel
Quels avantages de cette approche ?
Le principal avantage réside dans les économies d’échelle : le matériel est amorti sur une plus grande surface, et l’achat groupé d’intrants permet de réduire significativement le coût à l’hectare. De plus, la mutualisation de l’assolement et des récoltes favorise une gestion collective du risque : on n’est jamais seul face aux aléas. Enfin, travailler à plusieurs offre une plus grande force de frappe en termes de main-d’œuvre, rendant l’exploitation plus efficace et résiliente. Sans oublier que cela permet d’être remplacé et de pouvoir s’absenter de temps en temps en sachant que tout est entre de bonne main.
Quels sont les compromis ?
Le débit de chantier doit être soutenu pour assurer la gestion de l’ensemble des parcelles, ce qui limite les interventions spécifiques sur les terres les plus sensibles, sous peine de compromettre l’équilibre global de la ferme. D’un point de vue humain, il est essentiel d’accepter que certaines tâches soient réalisées par d’autres. Après tout, une approche différente ne signifie pas un résultat moins bon, mais simplement une autre manière d’atteindre l’objectif.

Ce qui as retenu notre attention lors du tour de plaine sur les parcelles de l’exploitation :
Après plusieurs années de réduction du travail du sol, ils ont constaté que les limons avaient tendance à se reprendre en masse. Cette année, ils ont décidé de fissurer, après la moisson devant le semis des couverts et les résultats sont au rendez-vous (voir photos ci-dessous).

Journée TCS - Vendôme
La Journée TCS (Techniques Culturales Simplifiées) est un événement annuel organisé par Frédéric Thomas, spécialiste français de l’agriculture de conservation. Elle rassemble agriculteurs, experts et passionnés autour des pratiques agricoles innovantes. Cette journée offre des conférences et des échanges sur les techniques visant à améliorer la fertilité des sols, réduire l’usage des intrants et favoriser une agriculture plus durable et résiliente.

1/ Enrobage de semences de couverts
La société Cérience a présenté sa nouvelle technologie SAS FLY. Une technologie adaptée aux semis sous couvert à la volée. Cette technologie est un enrobage avec un biostimulant à base d’OSYR qui protège les auxines (hormones responsables de la croissance racinaire).
Objectifs :
- Stimuler la croissance de la plantule
- Réduire le stress hydrique lors du semis en période estivale en profitant de l’humidité résiduelle de la culture et d’un enrobage hydro-attractant
- Améliorer la balistique. Semis homogène jusqu’à 24m avec un distributeur à engrais
- Anticipation des semis : gain de temps et maximisation de la durée de végétation du couvert
Préconisation :
Semis du couvert maximum 10 jours avant la moisson pour profiter de l’humidité résiduelle et éviter la concurrence lumineuse de la céréale.
Freins :
- Pendant les années humides, il est compliqué de déterminer avec précision la date de la moisson, ce qui complique l’optimisation du moment idéal pour semer le couvert.
- Les semences déposées à la surface restent plus sensibles à la sécheresse que lorsqu’elles sont semées à 4cm.
- Coût : semences + enrobage = 4€/Kg.
A dose préconisée de 25Kg/ha ça représente 100€/ha
2/ Gestion du C/N des résidus dans les systèmes ACS
Anne-Sophie Perrin, chercheuse chez Terre Inovia, nous indique que lorsque l’on veut stocker du carbone et augmenter le taux d’humus de nos sols il faut apporter des résidus avec des C/N proches de celui de la matière organique du sol (C/N = 10). Ca implique d’adapter la gestion des couverts végétaux en fonction du contexte de la ferme :
- Dans des contextes céréaliers avec beaucoup de pailles (C/N élevé) il est préférable d’apporter des couverts jeunes avec des C/N bas pour équilibrer la ration du sol. Les apports en N, P, K sont essentiels pour nourrir la vie du sol qui doit consommer les pailles. Si les apports ne sont pas suffisants, la vie du sol va commencer à consommer la matière organique et la déstocker.
- Dans des contextes de cultures industrielles exportatrices qui laissent peu de résidus, il est préférable d’apporter des couverts plus matures (C/N élevé).
3/ Régénération des sols à travers les animaux
Franck Baechler, agriculteur et éleveur en Sologne mise sur la réintroduction de l’élevage, en particulier les ruminants, dans les systèmes agricoles.
« L’animal permet de dynamiser les flux de carbone en intensifiant la production de biomasse qui revient au sol. »
L’objectif de Franck Baechler est de passer de 1% à 3% de MO dans les 10 premiers cm de son sol, en divisant par 2 le pas de temps nécessaire, grâce aux ruminants.
Son système tourne avec :
- 50% en prairies temporaires et permanentes
- 25% production de biomasse (destination sol et animaux)
- 25% de production céréalière
Rotation sur 6 ans :
- 2 années : Méteil ensilage
- 2 années : Maïs (pour nettoyer)
- Année 5 : Méteil grain
- Année 6 : Paille seule (permet un désherbage chimique si nécessaire)