PAC – contrainte ou levier stratégique ?

Articles
28 Nov 2025

Rares sont les agriculteurs qui abordent une réforme de la PAC avec enthousiasme. Complexité des règles, subtilités ajoutées à la dernière minute… Le système semble parfois pensé pour perdre tout le monde en route. 

Résultat : la PAC est souvent vécue comme une contrainte administrative, qu’on subit plus qu’on ne l’utilise.

Et du côté du conseil, la situation n’est pas meilleure. La PAC est généralement abordée entre deux portes, au détour d’un suivi de culture. On répond à une question ponctuelle, on débloque une situation urgente, mais on prend rarement le temps de se poser pour réfléchir à comment optimiser la déclaration et intégrer ces règles dans une stratégie agronomique et économique cohérente. Cette approche fragmentée limite forcément la portée du conseil.

Pourtant, derrière cette complexité apparente se cachent de vrais leviers. Car la PAC, qu’on le veuille ou non, oriente déjà une grande partie des décisions de la ferme : couverture des sols, gestion de la fertilité, diversification… Elle influence la stratégie sans toujours être prise en compte comme telle. La question n’est donc pas “comment s’y conformer”, mais bien “comment la mettre au service du système.”

Un assolement construit uniquement sur la base du marché paraît souvent le plus simple, mais il passe à côté des opportunités offertes par les dispositifs PAC. Derrière chaque code culture ou éco-régime, il y a des marges de manœuvre, à condition d’être anticipé. 

L’éco-régime “couverture longue des sols”, par exemple, peut sembler contraignant, mais intégré dans une stratégie de gestion des couverts, il devient un levier agronomique utile : protection de la fertilité, amélioration de la structure, et jusqu’à 45 €/ha de valorisation.

Même logique pour le “maillage écologique” : souvent perçu comme une perte de surface productive, il permet de valoriser des zones peu rentables tout en renforçant la régulation biologique, jusqu’à 900 €/ha. Un revenu honorable pour une zone humide ou une fourrière après betteraves. Et pour l’éco-régime réduction d’intrants, une approche raisonnée et planifiée peut ajouter jusqu’à 80 €/ha sur certaines cultures.

Ces montants ne transforment pas un compte de résultat, mais mis bout à bout, ils contribuent à sécuriser l’équilibre économique de la ferme. À condition, encore une fois, que la réflexion soit menée en amont. Sur le terrain, on constate encore souvent que les contraintes PAC sont prises en compte une fois l’assolement figé, trop tard pour ajuster…

👉 C’est justement là que l’agronome peut jouer un rôle décisif. Non pas en gestionnaire de dossiers, mais en traducteur de la PAC en décisions concrètes : relier la réglementation aux réalités techniques, anticiper les blocages, et transformer les obligations en leviers d’action.

Car au fond, la PAC ne doit pas dicter les choix de la ferme mais elle peut contribuer à en sécuriser certains à condition qu’elle soit comprise et anticipée. Et c’est bien là que le regard de l’agronome prend tout son sens : relier technique, économie et réglementation pour redonner à l’agriculteur la maîtrise de ses choix.

📣 Et vous qu’en pensez-vous ?
Comment intégrez-vous les exigences PAC dans votre conseil agronomique ?
Voyez-vous la PAC comme une contrainte ou comme une opportunité ? 

 

🔔 Restons connectés

Avec ces quatre derniers articles, nous avons ouvert un cycle de réflexion sur la place de l’agronome dans la ferme.
Ils nous ont permis d’aborder, sous différents angles (la réduction des produits phytosanitaires, la solidité économique, la rotation des cultures et la PAC), la même question de fond : comment redonner à l’agronome son rôle de partenaire stratégique au service des agriculteurs.

Chez Regenacterre, nous nourrissons l’envie d’aller plus loin.. Plus loin dans la compréhension des systèmes, dans la collaboration entre pairs et dans leur capacité à traduire les enjeux techniques, économiques et politiques en décisions concrètes sur le terrain.

👉 Cette série de communication s’arrête donc ici, mais les discussions continuent. Si vous nourrissez la même envie, poursuivez avec nous la réflexion dans une newsletter dédiée aux agronomes, plus concrète, plus interactive.

Nous y partagerons :

  • des outils pratiques pour structurer le conseil et gagner en efficacité ;
  • des retours de terrain et des moments d’échange entre pairs ;
  • des éclairages réglementaires et politiques sur ce qui se prépare en Belgique et ailleurs.

L’objectif reste le même : faire évoluer ensemble le conseil agronomique pour lui donner davantage de cohérence et de valeur.

 

Vous souhaitez lire l’article précédemment paru sur le sujet de l’accompagnement agronomique ? C’est par ici ! 

M'inscrire à la Newsletter Communauté d'agronomes

CES ARTICLES POURRAIENT VOUS INTÉRESSER