Quand chaque choix technique devient un choix économique
« Sur le marché libre, la tonne de pommes de terre est tombée à 15 euros, contre 150 euros l’an dernier. À ce prix, un hectare rapporte 600 euros alors que les coûts peuvent atteindre dix fois plus. » – Le soir, 18 août 2025
Derrière ces chiffres se cache une réalité que beaucoup d’exploitations connaissent aujourd’hui : la rentabilité agricole est sous pression.
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Les prix des céréales s’effondrent et le rôle de caisse de trésorerie de la pomme de terre ne semble plus garanti,
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Les charges de mécanisation et de main-d’œuvre explosent,
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Le coût des intrants reste très volatile,
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Et la variabilité climatique accentue encore la pression.
« Les prix agricoles ne traduisent pas la réalité du travail fourni ou de la productivité des fermes : ils sont surtout influencés par la spéculation, les politiques monétaires et les marchés mondiaux. Résultat : ils restent instables et ne garantissent pas la durabilité économique. » — EARA, report 06/2025
Dans ce contexte, chaque décision technique devient un choix économique.
Et quand la trésorerie se tend, il est tentant de couper dans les dépenses. Mais on coupe parfois au mauvais endroit : un désinvestissement dans les engrais de fond qui peut coûter bien davantage en rendement sur le long terme ou un entretien différé qui génère des frais plus lourds plus tard. Ces économies contraintes soulagent à court terme, mais fragilisent le système sur la durée.
Pendant ce temps,les vraies marges de manœuvre, celles qui se jouent dans les décisions structurantes (rotations, stratégies ferti/PPP et méca, débouchés…), passent facilement sous le radar, surtout quand on est seul, la tête dans le guidon.
C’est précisément là que l’agronome peut jouer un rôle déterminant.
Parce qu’il connaît la ferme, mais aussi ce qui se fait ailleurs, il apporte un regard extérieur qui ouvre des perspectives. Il peut redevenir un véritable partenaire stratégique en aidant l’agriculteur à mettre les chiffres en perspective pour éclairer leur impact global et le guider dans des choix techniques qui renforcent l’équilibre économique de son système.
Par exemple :
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Choisir un itinéraire qui va chercher l’optimum économique entre coût de l’itinéraire, efficacité attendue et potentiel de rendement,
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Ajuster les stratégies de fertilisation et de protection des cultures en fonction du potentiel réel et du marché.
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Explorer des solutions qui paraissent parfois moins rentables à court terme mais renforcent l’autonomie de la ferme et réduisent sa dépendance aux marchés volatiles.
« Les fermes régénératives utilisent 61 % moins d’azote de synthèse et 75 % moins de pesticides, tout en générant 20 % de marge brute supplémentaire par hectare. » — EARA, report 06/2025
Autrement dit : les décisions techniques, quand elles sont éclairées et accompagnées, peuvent recréer des marges là où elles semblaient perdues.
Évidemment, l’agronome n’est pas un comptable, mais il est souvent le seul à relier assolement, intrants, fertilité, mécanisation et débouchés dans une vision d’ensemble.Dans un contexte incertain, cette prise de recul est devenu indispensable.
Chez Regenacterre, notre mission reste claire : créer de la valeur pour les agriculteurs, contribuer à leur autonomie et résilience tant technique qu’économique. Si nous partageons ces réflexions avec les agronomes, c’est parce que nous pensons qu’elles peuvent nourrir leur propre vision du métier et ouvrir à d’autres perspectives dans l’intérêt des agriculteurs qu’ils accompagnent.
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Et vous, en tant qu’agronomes :
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Comment accompagnez-vous les producteurs dans ce contexte économique ?
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Dans les prochaines semaines, nous allons :
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continuer la discussionsur la place du conseil agronomique dans la ferme, l’élargir à d’autres prismes liés au contexte actuel de l’agriculture.
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Partager des infos politiques sur ce qui se prépare en Belgique,
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diffuser des éclairages techniques utiles pour le terrain, discuter de ce qui se fait ici et chez nos voisins.
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proposer des moments d’échange entre agronomes
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