Tout sur l’agriculture régénérative
L’agriculture régénérative est une approche émergente qui suscite de plus en plus d’intérêt, tant chez les agriculteurs que chez les scientifiques ou les consommateurs. Si elle ne dispose pas encore d’une définition universelle, nous l’appréhendons comme une démarche visant à régénérer les sols, mais aussi à renforcer l’ensemble des écosystèmes agricoles. Elle cherche à améliorer leur fonctionnement, leur autonomie et leur capacité de résilience face aux défis actuels, notamment climatiques.
Les fondements de l’agriculture régénérative
Au cœur de cette démarche se trouve un objectif principal : restaurer la fertilité naturelle des sols. Cela passe par l’accroissement de la matière organique, un facteur clé pour améliorer la santé des sols et des cultures. Un sol riche en matière organique présente plusieurs avantages :
- Résilience : Il présente une meilleure stabilité structurale le rendant plus résistant à l’érosion, au stress hydrique et plus résilient face aux aléas climatiques.
- Réduction des intrants : Des cultures saines, soutenues par un sol fertile, nécessitent généralement moins de fertilisants et de produits de protection des plantes.
- Biodiversité fonctionnelle : Les sols régénérés abritent une biodiversité abondante et variée, qui favorise des écosystèmes agricoles plus efficaces et équilibrés.

Les 5 piliers de l’agriculture régénérative
Pour atteindre ces objectifs, l’agriculture régénérative s’appuie sur des processus naturels qui rétablissent et renforcent les cycles biologiques des sols. Ces processus reposent souvent sur cinq piliers fondamentaux :
- Couverture permanente du sol : Protéger le sol des agressions extérieures (érosion, lessivage) en maintenant une couverture végétale tout au long de l’année par l’intermédiaire des cultures, des résidus de culture et des intercultures.
- Diversité des cultures : Alterner les espèces cultivées ou encore les associer pour stimuler les interactions biologiques et prévenir les maladies ou ravageurs spécifiques.
- Réduction du travail du sol : Limiter les perturbations mécaniques pour préserver la structure du sol et sa microfaune.
- Des systèmes intégrés :
- Associer cultures et élevage pour boucler les cycles de nutriments et valoriser les interactions entre espèces. Notamment en permettant des apports régulier d’effluents d’élevage et autres matières organique pour relever les taux de MO des sols
- Favoriser la biodiversité au sein des exploitations avec la mise en place d’aménagements du paysage comme l’agroforesterie ou les abords de champs notamment.
- Réduction des intrants de synthèse : Grâce à l’optimisation de l’application des intrants (technique et positionnement), mais également par l’utilisation de solutions naturelles de biocontrôle et de fertilisation.

Une démarche intégrée dans l’agroécologie
L’agriculture régénérative s’inscrit dans une approche plus large, celle de l’agroécologie. Cette dernière englobe à la fois des principes environnementaux, économiques et sociaux pour développer des systèmes alimentaires durables tout au long de la chaîne, du producteur au consommateur en passant par les transformateurs (en savoir plus sur l’agroécologie : l’agroécologie TERRAE et la FAO). L’agriculture régénérative met l’accent sur les aspects techniques des systèmes agricoles et vise à développer des fermes en tant qu’agroécosystèmes pleinement fonctionnels.
Quels bénéfices pour les agriculteurs ?
En adoptant des pratiques régénératives, les agriculteurs peuvent :
- Réduire leurs coûts : Moins d’intrants, une meilleure gestion des ressources.
- Renforcer leur résilience : Des sols et des cultures mieux armés face aux aléas climatiques.
- Valoriser leurs produits : Répondre à une demande croissante pour des productions respectueuses de l’environnement.
- Être rémunérés pour les services écosystémiques rendus notamment pour la séquestration de carbone.
L’agriculture régénérative ne se veut pas une solution miracle ni une norme rigide. Elle invite avant tout à repenser la manière de travailler, en s’appuyant sur les mécanismes biologiques pour créer des systèmes agricoles plus durables et performants. Chaque exploitation est unique, et les pratiques régénératives peuvent être adaptées à chaque contexte.

Agriculture régénérative et Agriculture de conservation des sol (ACS) quelles différences ?
L’agriculture régénérative et l’agriculture de conservation des sols (ACS) partagent des principes communs visant à améliorer la santé des sols, mais elles diffèrent dans leur approche et leurs objectifs.
L’ACS est un système agricole fondé sur trois principes majeurs (communs à l’Agriculture régénérative) pour préserver et améliorer la structure du sol :
- Réduction du travail du sol : suppression ou limitation du labour pour éviter l’érosion et favoriser la vie du sol.
- Couverture permanente des sols : utilisation de cultures de couverture ou de résidus de culture pour protéger le sol et améliorer sa fertilité.
- Diversification des cultures : rotation et associations de cultures pour stimuler la biodiversité et limiter les maladies.
L’ACS vise principalement à préserver la fertilité des sols et à réduire l’érosion en minimisant les perturbations humaines. L’agriculture régénérative intègre deux principes supplémentaires qui sont la réintroduction de l’élevage et la favorisation de la biodiversité via notamment l’agroforesterie mais aussi la réduction d’intrants de synthèse.
L’ACS est une approche préventive qui vise à conserver la qualité des sols en limitant leur dégradation. L’agriculture régénérative est une approche curative et proactive, qui cherche à restaurer et améliorer la santé des sols et des écosystèmes agricoles.
Les deux approches sont complémentaires et peuvent être combinées selon les objectifs et les contraintes de chaque exploitation.